LES BENEFICES D'UNE POLITIQUE DATA DRIVEN POUR LES DIRECTIONS JURIDIQUES: COMMENT TRANSFORMER LES DONNEES EN LEVIERS STRATEGIQUES


Dans un contexte d'évolution rapide des entreprises et de pression croissante pour maximiser les ressources tout en optimisant la performance, les directions juridiques sont invitées à jouer un rôle de plus en plus stratégique. Historiquement perçues comme des centres de coûts, elles doivent désormais démontrer leur contribution directe à la création de valeur pour l’entreprise. L'une des clés pour opérer cette transformation réside dans l'adoption d'une culture "data-driven" qui permet la prise de décision éclairée grâce à des données fiables exploitée de façon stratégique.


1. La fonction juridique et la data : un duo incontournable

Les directions juridiques disposent d'une masse de données, souvent sous-exploitées. Qu'il s'agisse des volumes de contrats traités, des litiges en cours, des coûts des services externes ou encore de la durée moyenne de traitement des dossiers, chaque information peut devenir une ressource stratégique lorsqu'elle est correctement collectée et analysée.

Adopter une approche "data-driven" permet à la direction juridique d'exploiter cette richesse pour :

Améliorer la performance opérationnelle : Les données permettent d’identifier les inefficacités et d’affecter les ressources de façon plus efficiente en vérifiant l’adéquation entre les besoins juridiques et les moyens mis en œuvre. 

Optimiser la gestion des coûts : Les données fournissent des indicateurs précis sur les dépenses internes et externes, les coûts fixes et les coûts variables ce qui facilite la prise de décisions budgétaires éclairées.

• Mieux anticiper les risques juridiques : Les données favorisent les analyses prédictives, les directions juridiques peuvent anticiper les litiges potentiels et adapter leurs stratégies de défense en amont.


2. Transformer les données en décisions stratégiques

Les données, en elles-mêmes, n'ont de valeur que si elles sont transformées en informations exploitables. Voici trois exemples non exhaustifs qui illustrent comment une direction juridique peut traduire ses données en décisions stratégiques :

• Cartographie des risques juridiques : en analysant les données historiques sur les litiges, les contentieux ou les non-conformités, la direction juridique peut identifier des schémas récurrents, anticiper les zones à risques et établir une stratégie de prévention.

• Suivi et gestion des prestataires externes : les informations relatives aux honoraires et aux performances des cabinets d'avocats peuvent être utilisées pour renforcer la collaboration sur la base de données objectives et partagées. Ce rééquilibrage de la relation entre le département juridique et ses prestataires permet par exemple de coconstruire des modes de facturation plus équilibrés et efficients.

• Analyse des contrats et des délais de traitement : en mesurant les temps de traitement des contrats, les directions juridiques peuvent ajuster leurs ressources internes, accélérer les processus critiques et éviter les goulets d’étranglement. Cela permet également de prioriser les négociations contractuelles stratégiques.


3. Les bénéfices d’une culture "data-driven" pour la fonction juridique

L’adoption d’une culture "data-driven" ne se limite pas à l’optimisation des processus internes. Elle permet également de renforcer la position stratégique de la direction juridique au sein de l’organisation.

• Prise de décision éclairée : Les données fournissent des bases factuelles pour soutenir les décisions, qu'il s'agisse de choisir des prestataires, d’allouer des ressources ou de définir des stratégies contentieuses. La direction juridique devient ainsi un partenaire stratégique dans la prise de décision globale de l’entreprise.

• Gestion des dépenses : L’optimisation des ressources, la gestion plus fine des budgets et l’analyse des performances externes permettent de gérer les dépenses de façon plus fine et exhaustive tout en garantissant une qualité de service égale, voire supérieure. En analysant les sources de dépenses et en évaluant précisément le retour sur investissement de chaque action, la direction juridique gagne en efficacité budgétaire.

• Augmentation de la transparence : Les tableaux de bord et les indicateurs basés sur les données permettent de rendre des comptes plus précis à la direction générale. Les indicateurs de performance (KPI) deviennent des outils de pilotage efficaces pour suivre l’évolution des projets, mesurer les gains d’efficacité et justifier les budgets alloués.

• Agilité et réactivité : La capacité à s’appuyer sur des données en temps réel permet aux directions juridiques d’être plus réactives et d’adapter rapidement leurs stratégies face aux nouvelles contraintes réglementaires ou aux changements dans l’environnement concurrentiel.


4. Les défis de l'implémentation d'une politique "data-driven"

Malgré les nombreux bénéfices, la transition vers une culture orientée sur les données n’est pas sans difficultés. Il est nécessaire de mettre en place des outils adaptés, de former les équipes à l’analyse des données et d'assurer une gestion rigoureuse de la qualité et de la sécurité des informations.

L’intégration de solutions technologiques facilite cette transition. Toutefois, la réussite d’une approche "data-driven" repose avant tout sur la volonté managériale  et sur une transformation culturelle au sein de la direction juridique.


Vers une direction juridique augmentée par la data

Adopter une politique "data-driven" ne se résume donc pas à intégrer des technologies avancées dans la fonction juridique. Il s’agit avant tout de changer de paradigme et de faire de la donnée un levier central pour la prise de décision. Les directions juridiques qui réussissent cette transformation se positionnent non plus comme de simples gestionnaires de risques, mais comme de véritables partenaires stratégiques, capables de démontrer leur valeur ajoutée à travers des décisions éclairées par des données robustes.

La donnée est l'avenir des directions juridiques, et celles qui sauront l'exploiter seront les leaders de demain.


Denis SAURET - 02 octobre 2024


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